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​Quand l’installation des hommes et de leurs activités précédent les aménagements, en voici un aperçu des conséquences

​Quand l’installation des hommes et de leurs activités précédent les aménagements, en voici un aperçu des conséquences

Sous la houlette du FMI et de la BM, les politiques d’ajustement structurel dans les années 80 avaient complètement anéanties nos systèmes de planification de manière générale. Celui, relatif à l’espace avait été relégué aux oubliettes.
Ainsi de telles directives sous le règne du Président Diouf ont été renforcées par des calamités climatiques telles que la sécheresse, la désertification et la désertisation.
 Les collectivités locales qui avaient certes des prérogatives sur certaines compétences relatives à la planification spatiale sous la bénédiction et/ou complicité de l’Etat central ne donnaient pas de priorité à l’élaboration d’outils dédiés. 
Les conséquences additionnelles de ce qu’on appelle aujourd’hui impacts du Changement climatique commençaient déjà à jeter toutes les forces vives de la ruralité vers les villes en tête de gondole, Dakar, la capitale. Donc une demande accrue de logements, de zones d’activités poussaient les élus locaux notamment les maires et PCR à installer les populations dans les zones non aedificandi ( cuvettes, marécages, lacs asséchés, littoral, espaces vegetalisés…..). Aujourd’hui cette même tendance qui date des années 80 reste d’actualité. Sur tout le Sénégal, -10% des collectivités territoriales disposent actuellement d’un outil de planification spatiale. Elles continuent tous les jours à faire et à programmer des opérations d’aménagement sans aucune maîtrise de leurs fonciers.
 Voilà pourquoi, on ne  doit pas s’étonner qu’ avec un retour de la pluviométrie sur 48h successives d’avoir des inondations. En revanche, il est permis de l’être si on fait appel à la configuration géographique de Dakar qui est une presqu’île et donc entourée d’eau à hauteur de 80%. Pourquoi les quartiers colons tels que l’île de Gorée ou encore celui du Plateau restent-ils épargnés? 
Parce que dans ces quartiers, eh bien les aménagements ont précédé l’implantation des hommes.
 Au-delà de ces quartiers, aujourd’hui la métapole Dakar s’agrandit tous les jours devant nos yeux. Un étalement urbain à perte de vue, un développement juxtaposé et sous forme de tâches d’huile. Absence totale de VRD sur la plupart des quartiers et une ville qui se densifie sans une réelle maîtrise du bâti et d’un faible respect des instruments juridiques édictés tels que le code de l’Urbanisme ou encore celui de la construction. 
Partout dans le monde, le développement des  villes s’écrit de manière inclusive, participative et itérative. Toutes les populations savent et connaissent les orientations de développement de la commune à la communauté.
 Chez nous, même pour les travaux routiers ou paysagers, le devenir est occulté et connu que par un groupe d’individus ce qui est le contraire dans un pays que je connais comme la France. Les tracés, l’architecture, les impacts….sont partagés au prime abord. Tous acteurs, tous concepteurs et tous solidaires restent le leitmotiv.
La pluie est un phénomène naturel que l’on doit amadouer mais cela passera par une bonne gestion de l’espace. 
En 2020, le gouvernement du Sénégal a adopté un nouvel outil de pilotage spatial, le PNADT avec comme horizon 2035.
Un excellent document de prospective territoriale qui promeut non seulement une gestion intelligente et cohérente de l’espace mais doublée d’une stratégie de valorisation des potentialités de développement des territoires. Il remplace l’ancien PNAT adopté en 1997 et qui est obsolète depuis 2021. Son taux d’exécution avait été évalué très en deçà des attentes. Et les principales raisons étaient liées à un faible respect des orientations déclinées. C’est pourquoi d’ailleurs, pour le cas spécifique du PNADT, une LOADT est mise en place en vertu de la loi n02021-04 du 12 janvier 2021. Cette nouveauté qui n’a jamais existé dans l’histoire du Sénégal vient consacrer de par la loi, le PNADT. Il s’en est suivi de plusieurs décrets d’application parmi lesquels, nous pouvons citer le Visa de localisation devenu une loi n02022-1088. 
L’aménagement du territoire est aujourd’hui plus outillé qu’auparavant et la structure institutionnelle qui l’a gére, l’Anat est aussi élevée de la seconde à la première catégorie dans le classement des agences d’exécution de l’Etat. 
Ce repositionnement de l’aménagement du territoire dans les politiques publiques est un salut car jusque-là il n’était pas trop impliqué sur les opérations d’urbanisme notamment les lotissements ou de manière général dans les outils de l’urbanisme opérationnel. Compte tenu des outils qui se déclinent du PNADT notamment les SCADT, les SDADT, les ZAD, les SDADTZS et les SCOT, il y’a de l’espoir pour une maîtrise de nos territoires. Nous saluons à sa juste valeur cette volonté de mieux structurer nos territoires sans quoi nous resterons toujours vulnérables aux phénomènes naturels tels que celui qui défraie actuellement la chronique à savoir, les inondations. 
Nous ne devons pas tout bétonner encore une fois, la vie dans la ville est une alchimie de plusieurs intelligences et le cadre naturel y joue un rôle déterminant. 

La ville ne se construit pas contre la nature mais plutôt avec elle. A l’ère des villes vertes, villes intelligentes ou Smart city ou encore villes jardins ou Green city, on doit revoir les paradigmes et penser autrement. L’habitat n’est pas la ville à lui seul, il en est un élément de celle-ci. Nous observons le contraire chez nous, des constructions partout sans aucun aménagement sérieux. Les populations sont campées dans des soi- disant cités qui jouissaient sur les plans de masse originaux d’équipements collectifs qui sont transformés en construction quelques années ou mois après par les promoteurs.
A nous donc, de se dire que cet héritage qui est l’espace ou le territoire se renouvelle peu ou prou pour ne pas dire pas ! Gérons le donc pour nous et pour les générations futures de manière rationnelle et durable. 

Daouda Thiandoum 
Aménageur, urbaniste et géomarketeur 
dthiandoum@yahoo.fr 

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